J’ai récemment soutenu que nous subissons la propagande hypocrite, victimaire et mensongère des puissants, fils de la mondialisation, qui sont de véritables parias.
J’ai également affirmé – et documenté – à plusieurs reprises que les “disputes” entre Russes et Américains, entre l’OTAN et Moscou, sont dans une certaine mesure des farces.
Les liens entre les deux parties sont très étroits, à commencer par l’armement, en continuant avec les programmes spatiaux, et surtout dans le partage des quotas de gestion de la géo-énergie-économie mondiale. Ce n’est pas un détail qu’en Syrie, les actions soient coordonnées par téléphone entre les deux armées. Cela n’a pas été révélé par un “complotiste”, mais par Lavrov lui-même.
Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas entre eux certaines rivalités appropriées dans la complicité, comme cela se produit au reste dans toute entreprise.
Il est improbable que ces rivalités finissent par prévaloir et même dégénérer, mais il n’est pas impossible qu’elles produisent divers effets secondaires (armement, réveil de thèmes patriotiques, changements culturels) qui en tant que tels, et certainement pas dans l’illusion hystérique de révolutionner le monde, doivent nous intéresser beaucoup.
J’ai mainte fois attiré l’attention à que nous soyons présents à nous-mêmes et que nous laissions derrière nous les catégories de l’antagonisme, qui a pour seule fonction de consolider toujours et dans tous les cas le pouvoir; j’ai exhorté à dépasser le dualisme, à ne pas confondre les visions idéales avec le fanatisme et à échapper à l’hypnose quotidienne.
Cela signifie-t-il que je prêche la neutralité et l’absence de prise de position?
Pas du tout. Cela signifie tout autre chose.
Comme j’ai essayé de l’expliquer dans “Mythe ou Utopie? Une relecture verticale d’Orwell” (Édition Nouvelle Librairie, 2022), tout ce que nous subissons ou croyons subir aujourd’hui de répugnant n’est qu’en partie l’œuvre des gestionnaires du pouvoir, mais est surtout l’expression du ventre chaotique et informe de ces plèbes qui sont le produit de la désintégration des corps sociaux, voulue idéologiquement et spirituellement par certains mais aussi déterminée par les circonstances.
Par conséquent, s’en prendre au Soros du moment est assez vain.
Nous parlons de plèbes atomisées qui sont mal éduquées, dépourvues de style, éloignées de la métaphysique (même d’un genre matérialiste car, paradoxalement, il en existe une), de la discipline, de la hiérarchie. En d’autres termes, des plèbes éloignées de la Verticalité.
La Verticalité a-t-elle été vaincue, du moins pour l’instant, par l’Horizontalité ? Pas vraiment, car cette horizontalité qui se traduit par la loi du nombre, selon laquelle toute chose vaut toute autre chose puisque tout est qualitativement relatif, a entraîné une chute inévitable, une Contreverticalité.
La nature a peur du vide, et il était inévitable que cela se termine ainsi. Tant et si bien qu’aujourd’hui la folie woke et le délire du genre imposent une échelle inverse de valeurs et même de principes, et il ne pourrait en être autrement lorsque, face au déchaînement de la matière, de l’énergie et de la technique, il n’y a pas une centration spirituelle, culturelle et existentielle qui sert d’axe autour duquel tourne la roue.
Éviter de se laisser entraîner dans le fanatisme hystérique en choisissant un prétendu “moindre mal” censé révolutionner le système (à supposer que quelqu’un puisse définir ce qu’il entend par système), ne signifie pas agir comme un banquier suisse, mais se consolider, se nourrir culturellement, conceptuellement, existentiellement et aussi spirituellement, afin de devenir SUJET dans une époque où, de par sa nature, tous les verbes sont conjugués au passif et ne prévoient que des COMPLÉMENTS D’AGENT. Penser et vivre de manière active et non passive sera une révolution, et c’est vers cela que nous devons tendre avant tout.
Se concentrer sur soi-même, sur son propre peuple, sur sa propre civilisation, pour régénérer son propre environnement de vie et régénérer ensemble l’Europe : c’est cela seul qui peut nous intéresser.
En insérant la Verticalité.
Comment fait-on ?
On commence par ne plus céder à ses propres rancœurs, à ses propres frustrations, pour laisser place à une volonté créatrice heureuse. Avec style, discipline, respect, éducation et avec la redécouverte de la hiérarchie, la vraie, pas celle des gangs.
L’Horizontalité, après avoir dégradé la qualité et la forme, a donné naissance à un vortex de corrosion, dans lequel les gens, n’étant plus unis, cohésifs ou représentés, ont été réduits à un ensemble d’atomes fous et de cerveaux hypnotisés, finissant par fournir plus d’énergie à la force corrosive qui règne. Dans nos attitudes “réseaux sociaux” et par notre fanatisme obtus et acide, nous sommes tous des agents de corrosion.
Ce qui manque, en substance, c’est une élite qui assume une tâche de civilisation et qui repropose une représentation populaire permettant aux gens de ne plus être uniquement l’objet des décisions de quelques-uns.
Mais il s’agit de cela, non des divagations de la droite terminale qui passe son temps à définir les méchants et le mal (en se trompant souvent, en plus) pour leur opposer de possibles bons ou vertueux (se trompant toujours et devant mentir régulièrement pour ne pas admettre que ces derniers non seulement ne sont pas meilleurs, mais sont souvent encore pires que les premiers).
Ce faisant, elle est malhonnête et mesquine. Tout est horrible si c’est fait par les “ennemis” et tout est juste si c’est fait par les “amis”. Pire encore : tout crime “ami” découvert est nécessairement un mensonge de “l’ennemi”.
Cela est inacceptable car on ne peut pas lutter pour défendre des ignominies, on ne peut pas soutenir que le but justifie les moyens, mais il faut toujours se rappeler le précepte légionnaire selon lequel on doit toujours parcourir le chemin de l’honneur et refuser d’en parcourir ou d’en avaliser d’autres par ivresse du succès.
Seule la vulgarité de la plèbe, qui est le substrat de la tyrannie, l’aversion à la forme, à la qualité, à l’ordre et à la lumière, peut induire à faire le contraire.
Il y a eu un slogan de Marine Le Pen et de Salvini qui contenait en lui toute la faiblesse endémique et qui a contribué à encourager cette médiocrité.
Partant du postulat assez grossier, mais pas tout à fait inexact, selon lequel les élites seraient contre les peuples, ils ont lancé le mot d’ordre « Le peuple contre les élites ».
Sans même se rendre compte que, contre ce qu’ils définissent comme système, ils ont opposé distraitement précisément la logique, l’essence, l’absence de forme, les lamentations et les évacuations intestinales qui sont à la base de cette époque servile, manquante de lucidité et de dignité.
Au lieu de proposer une révolution des élites pour produire l’avènement d’une nouvelle Verticalité et d’une nouvelle organicité, ils ont réussi à concevoir une aberrante exacerbation de l’Horizontalité, dans laquelle il n’y a plus rien d’élevé.
Comme s’il était possible d’imaginer un rassemblement humain sans élites ou, pire, qu’on souhaite le réaliser pour complaire à la jalousie de ceux qui ne pourraient jamais en faire partie par manque de qualité et, parce qu’incapables de s’élever, veulent tirer tout le monde vers le bas.
C’était probablement juste un slogan électoral, mais le problème est que cette logique si démocratique – dans le sens délétère du terme – et cette haine de la forme et de la supériorité sont aujourd’hui prédominantes chez les droites terminales qui préfèrent ressembler à des vers de terre plutôt qu’à des aigles.
La ré-volution – qui ne peut pas partir d’un ghetto ni se limiter à un ghetto – doit aller dans une toute autre direction, avec une toute autre mentalité, avec un tout autre style et en préparant un nouveau PROTAGONISME.
Celui-ci ne doit pas être une mauvaise copie de l’envie sociale et de la haine malheureuse de mémoire communiste.
Il doit s’agir d’un protagonisme de peuple, un protagonisme de communauté, un protagonisme de personnes, pas un exibitionnisme, un arrivisme ou un opportunisme de notre part.
Nous devrions, au contraire, exprimer des exemples qui, par contamination, auront un impact autour de nous.
Même ceux qui font de la politique au sens classique devraient se comporter ainsi plutôt que de se promouvoir eux-mêmes.
Nous devons tendre non pas à avancer nous-mêmes mais à faire avancer nos peuples.
Comment faire ? Je l’ai clarifié de manière plus détaillée dans “Défi au futur”. (Édition Synthèse Nationale, 2025) et dans la philosophie de vie des Lansquenets d’Europe.
Comprendre au moins cela nous permettra aussi de raisonner mieux, et surtout avec plus de dignité, en ce qui concerne les scénarios conflictuels en cours et nous évitera d’exprimer des « antagonismes » désordonnés, stupides et vulgaires, en agissant comme un élément catalyseur de l’édifice psychologique et narratif dominant, comme cela se fait depuis longtemps en nous berçant, en nous mentant, de l’illusion d’être « irréductibles ».
Une chute mortifiante par rapport à des décennies d’avant-garde, une mauvaise habitude à laquelle il faudra dire stop le plus tôt possible.
Le défi au futur: