Home AltreLingue Dans le labyrinthe, mais sans le fil

Dans le labyrinthe, mais sans le fil

Nous sommes hypnotisés par les affrontements des incivilisations des autres

0

On se perd dans le labyrinthe et l’on se fait dévorer par le Minotaure lorsque l’on a perdu le fil d’Ariane — dont je ne négligerais pas la racine phonétique.

Aujourd’hui, tout semble devenu un vaste labyrinthe

Pour s’y orienter, chacun s’accroche à une série de “repères” et surtout à des tabous.
Mais en les prenant pour acquis — quels qu’ils soient — on se perd irrémédiablement. Car ces repères sont des simulations de la réalité, des cristallisations idéologiques de la pensée, des prisons mentales, des dérives sectaires qui ne génèrent que de l’hystérie.

Ce phénomène touche tous les milieux politiques : non seulement les antagonistes de droite ou de gauche, mais aussi les démocrates et les libéraux.

Un désarroi général règne face à la réalité historique et à la nouvelle sociologie du pouvoir et de la politique.

La plupart sont paralysés par des tabous qui les empêchent littéralement d’ouvrir les yeux

Qu’il s’agisse d’antifascisme, d’antisémitisme, d’anti-islamisme, d’anti-occidentalisme, ou encore de psychoses sexuelles (de la “red pill” à la gay pride en passant par le féminisme extrême), on assiste à une succession d’absurdités opposées et imbriquées.

Quiconque adhère à l’une de ces catégories le fait de manière caricaturale, primitive, grotesque — au point de faire rougir, tour à tour, Togliatti, Goebbels, El Cid ou Nasser.

Tels qu’ils sont aujourd’hui brandis, ces étendards annulent précisément les principes qu’ils prétendent défendre.

Quant au complotisme, il est devenu la version grotesque — presque simiesque — d’une capacité pourtant noble à percevoir ce qui se cache sous l’apparence. Tel qu’il se manifeste aujourd’hui, il relève d’une pathologie mentale profondément embarrassante.

Et pourtant, la réalité n’est ni plate, ni superficielle

Il existe des codes symboliques, linguistiques, métaphysiques, des lois matérielles, une syntaxe de la vie et de la civilisation, bien antérieurs à ce que nous percevons à première vue. À tel point que des éléments qui nous paraissent similaires — à commencer par l’interprétation de la Tradition — peuvent en réalité être fondamentalement étrangers les uns aux autres.

Nous en sommes même venus à assimiler à notre propre spiritualité des expressions religieuses issues de cultures qui se flagellent jusqu’au sang en public, implorent le martyre et s’expriment au nom du nom même de leur Dieu.

Comme le faisaient les fondamentalistes iraniens qui, durant la guerre contre l’Irak — bastion du social-nationalisme arabe — envoyaient avant leurs troupes des enfants marcher sur des mines, convaincus d’atteindre ainsi le paradis.

Notre religiosité est olympienne, debout, virile. Il serait inexact de la qualifier de “patriarcale” — ce terme relève du désert vétérotestamentaire

Le Pater Familias en est une figure bien plus élevée.

C’est une religiosité qui a toujours valorisé les corps, les arts visuels, l’ars amandi, et des femmes dotées de dignitas, lesquelles, à la différence de celles du désert, étaient aussi prêtresses.

Notre tradition spirituelle a triomphé des déviations inférieures — qu’elles soient matriarcales ou patriarcales — car elle est fondée sur une hiérarchie, donc virile, et surtout héroïque. Non pas simplement courageuse, mais de NATURE DIVINE. Une osmose entre immanence et transcendance, qui ne saurait jamais se réduire à une quelconque SOUMISSION.

Si nous étions véritablement centrés sur nous-mêmes

nous n’aurions nul besoin, pour dénoncer les politiques impérialistes israéliennes et les massacres constants de civils palestiniens, d’angéliser cette contrepartie qui, elle aussi, n’a rien de mieux à offrir : répression sexuelle, imposition délirante de volontés dites divines, incarnées par des figures sinistres au regard vide, torture systématique des dissidents, et imposition brutale de la charia.

Et l’inverse est tout aussi vrai.

Si le fondamentalisme islamique est une folie meurtrière dans toutes ses expressions — sans une grande distinction entre sunnites et chiites —, le racisme religieux et eschatologique israélien appartient à la même famille idéologique, et alimente tout autant l’escalade de la haine et du fanatisme.

Le 7 octobre 2023, lorsque les tueurs du Hamas — téléguidés par divers marionnettistes — ont ouvert les portes de l’enfer, j’ai immédiatement fait remarquer que leur orgie de sang ne se déroulait pas au nom de la Palestine, mais sous les cris de “Allahu Akbar !”.

J’ai averti ceux qui avaient mal interprété ces événements : il y aurait imitation.

Quelques jours plus tard, des jeunes de banlieue ont égorgé un jeune Français dans une petite ville de province, sans raison. Puis une série d’attentats a suivi en Europe — et cela est loin d’être terminé.

Les Israéliens sont-ils coupables d’avoir cyniquement pactisé depuis toujours avec le djihadisme, tout en massacrant la population arabe, et allant jusqu’à tirer sur la Basilique de la Nativité ?

Assurément.

Mais ils ne sont pas seuls : les Égyptiens, les Jordaniens, les Saoudiens, les Qataris, les Émiratis et même les Iraniens — tous ont été, à un moment ou à un autre, des partenaires cyniques, parfois armés directement par Tel-Aviv, dans leur combat contre les régimes social-nationalistes arabes. Tous ont nourri les fondamentalismes, sunnites comme chiites.

Personne n’est innocent.

Avons-nous encore, comme les vieux communistes, du jambon devant les yeux ?

Allons-nous continuer à prétendre que les djihadistes nous égorgent à cause d’Israël, des États-Unis, de l’Occident ?

Même si ce raisonnement contient bien plus qu’un fond de vérité, ce sont bien eux qui nous égorgent. Et il n’y a aucune raison de les applaudir.

Et je ne transigerai pas là-dessus : djihadiste et musulman ne sont pas synonymes.

Il suffit de penser à Nasser, Arafat, Saddam, Massoud.

Les djihadistes et autres fondamentalistes ont subi la même dégénérescence mentale que celle qui frappe nombre de courants politiques contemporains.

Cela étant dit, entendre aujourd’hui des responsables comme le chancelier Merz affirmer qu’“Israël fait le sale boulot pour nous”, ou Marine Le Pen déclarer que “le Rassemblement National est le bouclier d’Israël”, est indigne.

J’attends, non sans ironie, les prochaines louanges sacrées à Tel-Aviv de la part de l’AfD allemande — pourtant qualifiée de néonazie.

Il nous reste, au moins, cela pour en rire.

Et pourtant, il y a du bon sous le soleil

Les équilibres se transforment.

Un immense espace s’ouvre pour ceux qui ont des repères solides — pourvu qu’ils soient dénués de dogmes rigides et libérés des tabous.

Les conditions que l’opinion publique redoute tant sont en réalité idéales : il nous suffit de revenir aux racines de notre pensée et de notre sensibilité, en jetant par-dessus bord les déformations dogmatiques qui ne servent qu’à obscurcir notre regard et à nous faire mourir dans l’ombre du labyrinthe.

Une saine mentalité indo-européenne pourra bien être la clé

Elle nous permettra de sortir des prisons de ce dualisme absurde : sioniste ou islamiste, technocrate oligarchique ou populiste décervelé.

Nous valons bien mieux que cela.

Exit mobile version