domenica 13 Ottobre 2024

Gaza est une chose et ceux qui la soutiennent en sont une autre

Les raisons tacites du massacre et le rôle insensé de la nouvelle gauche

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La gauche mondiale soutient la Palestine, ou du moins croit le faire.

Au point d’exalter le Hamas, dont les membres sont définis comme des partisans du Sud global qui résistent contre l’Occident, perçu au sens large, évidemment méchant et nazi. Cela ressemble à la propagande grotesque du Kremlin pour défendre son agression contre l’Ukraine.

Aujourd’hui, nous assistons à un nouveau schéma, qui a entraîné un milieu habituellement sensible aux causes juives à adopter ce qui est improprement défini comme de l’antisémitisme. Comment expliquer cela ?

L’explication élémentaire est celle donnée par la crise de représentativité politique en pleine mutation sociétale.

Le cas du (Nouveau) Front Populaire français est emblématique, allant au-delà de la construction du soi-disant islamo-gauchisme (synthèse bizarre entre islamisme et marxisme) enfourché par Mélenchon, mais appelant l’Islam de France à une mobilisation qui ressemble fortement à une “lutte des classes”.
L’Islam est identifié aux banlieues et aux immigrés clandestins, et dans la logique inévitablement subversive et conflictuelle de l’extrême gauche, représente la force violente capable de renverser les équilibres par le bas.

C’est pareil pour les différents centres sociaux et associations universitaires hors de France. Ils se moquent de la Palestine, mais on ne peut pas en dire autant de cette unité prolétaire subversive, éternel moteur utopique du titanisme misérable.

Une deuxième explication nous fait penser à l’instrumentalisation de l’extrême gauche, toujours fonctionnelle au système contre lequel elle s’illusionne de se rebeller et dont elle est littéralement la servante, pour jouer un rôle dans la conception formelle des cadres politiques renouvelés après que le partage de ce Yalta, non pas au carré mais au cube, qui se dessine partout, aura eu lieu.

Si cela aidera, ici, les gauches extrêmes à dessiner une mondialisation des mendiants, cela pourra aider, là-bas, à donner au petit et non libre État de Palestine qui sera formalisé, un mélange islamo-gauchiste, qui devra toujours et en tout cas répondre à Tel Aviv et aux pétromonarchies.

Pour ce qui concerne Israël, il s’agira d’un retour à une vieille méthode. Depuis après la guerre des Six Jours (1967), les ambassades israéliennes, notamment celle de Paris, ont financé et guidé des milieux marxistes palestiniens pour contrer à la fois le leadership d’Arafat et accroître la tension terroriste internationale afin d’empêcher les soutiens à la cause palestinienne dans le monde.

Avec l’implosion soviétique et l’échec de l’illusion communiste, Tel Aviv s’est repliée sur l’extrémisme religieux. L’Etat hébreu n’était pas étranger à la constitution du Hamas même. Nombre d’années plus tard, Netanyahu s’est félicité publiquement du financement du Hamas par le Qatar, car cela aurait effectivement entravé la reconnaissance de l’État de Palestine. Et ici, les intérêts de ceux qui veulent maintenir une tension élevée mais sans issue s’accordent. Que ce soit en Israël, dans les autocraties wahhabites ou chez les internationalistes religieux qui, de Téhéran à Daesh, ont désintégré la cause arabe, divers milieux, même hostiles entre eux, partagent cet intérêt.

Le New York Times, un journal très proche de la communauté juive américaine, a révélé que le 7 octobre dernier, le chef du Mossad, David Barnea, s’était rendu précisément au Qatar, clarifiant au gouvernement de ce pays que le Premier ministre était favorable à la poursuite du soutien financier de Doha au Hamas. Sans parler des avertissements égyptiens et américains de l’attaque imminente peu avant le 7 octobre.

Évidemment, après que la question de Gaza sera résolue, Tel Aviv devra trouver un autre “ennemi” manipulable, le Hamas étant devenu inacceptable, et ce sera presque certainement un sujet islamo-gauchiste.

Il ne s’agit pas ici de spéculer sur la manière dont le 7 octobre s’est produit, s’il pouvait être évité, s’il a été laissé se dérouler, mais simplement de comprendre le sens de la gestion de ce conflit. Cela ne peut pas se résumer à des haines raciales et religieuses, bien que marquées, car celles-ci cachent d’importantes divisions des deux côtés et également des objectifs matérialistes significatifs.

Les motivations du nettoyage ethnique à Gaza et des attaques au nord par Israël ne s’expliquent pas seulement par des préoccupations, bien présentes, de sécurité militaire. Elles doivent aussi être recherchées ailleurs, autant dans les difficultés internes d’Israël, où cohabitent des modernistes laïcs et des fanatiques exaltés qui procréent comme des lapins et qui, exemptés du service militaire, invitent leurs coreligionnaires à se faire tuer pour leur procurer des terres à cultiver, que dans le plan du nouvel ordre international et le rôle que Tel Aviv y a déjà assumé.

Depuis 2019, Israël a commencé à se transformer en un hub énergétique israélo-arabe. Cela a débuté avec le partenariat signé cette année-là avec l’Arabie Saoudite, que Tel Aviv fournit en gaz depuis lors. En 2020, les Accords d’Abraham ont suivi avec les Émirats Arabes Unis, Bahreïn et en fait le Maroc.

Le 20 septembre 2023, 17 jours avant l’attaque du Hamas, un nouvel accord a été signé avec l’Arabie Saoudite et la reconnaissance formelle d’un État de Palestine est devenue indispensable.

Vraisemblablement, ce petit État ne devra avoir d’accès qu’à partir d’Israël et devra être réduit en termes de territoire et de population.

D’où la stratégie militaire qui vise, entre autres, à éradiquer le passage de Rafah et à éviter qu’il y ait des accès potentiellement incontrôlés à la réserve palestinienne.

Dans cette action, Israël peut compter sur la complicité égyptienne, car depuis 2014 Le Caire détruit des habitations et des cultures autour de Rafah, dans la partie contenue dans son propre territoire.

Ces dernières années, Israël a conclu un accord sur les frontières maritimes avec le Liban, lançant l’exploitation du gisement de Karish et injectant de nouvelles ressources dans son propre marché énergétique.

La découverte de grandes quantités de gaz naturel au large de ses côtes a représenté pour Israël non seulement une opportunité économique mais aussi un facteur de puissance nationale.

L’augmentation des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux et la croissance de la production nationale ont permis de réaliser des profits importants.

La découverte des gisements Tamar et Leviathan a considérablement réduit les importations énergétiques jusqu’à transformer Israël, en 2020, en un exportateur net de gaz naturel. Depuis lors, une grande partie du gaz produit par les gisements israéliens est exportée vers l’Égypte via le gazoduc East Mediterranean, une infrastructure qui relie Ashkelon à la ville égyptienne d’Arish et qui était initialement conçue pour approvisionner Israël en gaz égyptien.

Le “tournant maritime” d’Israël, sur la voie du gaz sous-marin, a conduit au renforcement des relations avec l’Égypte et à la création d’un partenariat solide avec Chypre et la Grèce. La participation même d’Israël au Forum du gaz de la Méditerranée orientale s’inscrit dans cette phase de renouveau de l’activisme régional.

Des entreprises israéliennes comme NewMed Energy ont élargi leur portefeuille en investissant dans l’exploration d’hydrocarbures dans les eaux marocaines, tandis qu’en septembre 2021, Mubadala, le fonds souverain d’Abou Dhabi, a investi un milliard de dollars pour l’achat d’une part de 22% du gisement de Tamar. Si le gaz naturel continue de rester au centre de ces relations énergétiques, des investissements importants ont également été réalisés dans les domaines des énergies renouvelables et de l’hydrogène.

La coopération dans ces domaines est également au cœur de certaines plateformes de coopération régionale ou interétatique auxquelles Israël a pris part récemment, du Forum du Néguev à l’I2U2, le forum récemment constitué avec les Émirats Arabes Unis, l’Inde et les États-Unis.

Au cours de deux décennies, Israël est passé d’un pays dépendant des importations d’hydrocarbures à un exportateur net de gaz naturel.

Mais aussi dans le hub stratégique des intérêts capitalistes communs israélo-arabes, se tournant davantage vers l’est que vers l’ouest. Il se désoccidentalise.

Tout cela contribue à expliquer la stratégie de terre brûlée pratiquée par Netanyahu, car elle ne concerne pas seulement les équilibres ethniques et la possibilité d’attribuer de nouvelles parcelles aux colons, mais aussi la liberté de gestion des lieux stratégiques du point de vue énergétique. À cela pourrait s’ajouter le projet du Canal Ben Gourion, en alternative au Canal de Suez (source de tensions et d’incertitudes depuis 2020), dont le tracé passerait près de la frontière nord de Gaza, l’enclave assiégée qui abritait plus de deux millions de personnes avant le début du dernier conflit.

La tragédie palestinienne ne se réduit pas uniquement à la confrontation entre racismes délirants ; il y a bien plus.

Il y a beaucoup de voix qui s’élèvent pour la Palestine, mais il semble que ce qui se passe dérange peu de monde, peut-être seulement les Européens. À titre d’exemple, lors de l’Eurosatory à Paris, salon de l’armement terrestre, les entreprises israéliennes ont été exclues et l’accès aux citoyens munis de passeports israéliens a été interdit. En France !

Malgré cela, personne ne soutient réellement la cause palestinienne, encore moins ses “amis”.

Les financements humanitaires en faveur des Palestiniens proviennent de ces entités, énumérées par ordre de quantité : États-Unis, Allemagne, Union européenne, Suède, Norvège, Japon, France, Arabie saoudite, Suisse et Turquie. Seuls deux (le huitième et le dixième) sont musulmans, et l’un d’eux est effectivement allié de Tel Aviv.

En réponse à l’attaque des missiles iraniens du 13 avril, la défense antiaérienne et antimissile MEAD (Moyen-Orient) a été activée après les Accords d’Abraham, auxquels participent la Jordanie et les Émirats arabes unis.

Comment peut-on donc réduire le conflit et le massacre à de simples schémas de conflits ethno-religieux ?

Combien de composantes arabes et combien de composantes islamiques sont des alliés concrets d’Israël, alors que cet État est lui-même déchiré intérieurement et rencontre des difficultés avec les communautés en Occident ?

La réalité est en train de changer, et avec elle, la narration aussi : à l’avenir, la gauche remplacera à nouveau les fondamentalistes comme marionnette de Tel Aviv (et de Washington, de Moscou, de Ankara), contre laquelle elle s’excite en vain.

C’est pour la façade et pour le servilisme assisté propre à la gauche. Mais il y a ensuite la réalité à prendre en compte.

Les tensions internationales sont aujourd’hui alimentées par des facteurs de déséquilibre et de rééquilibrage, en premier lieu démographiques et énergétiques.

Pour l’opinion publique, et souvent pour les acteurs eux-mêmes, une lecture sommaire et schématique est préférable, à moins de pouvoir les briser pour agiter les eaux.

Maintenant que, faute de mieux, les schémas reviennent au passé et retracent en quelque sorte ceux d’il y a cinquante ans, ils doivent toujours être abordés avec le modèle alternatif possible depuis lors, c’est-à-dire avec la logique de la troisième voie qui envisage une coopération entre l’Europe et le social-nationalisme arabe, contrecarrée et massacrée par les bourgeoisies internationalistes, les fondamentalistes religieux et, bien sûr, les impérialistes anti-européens.

Cette logique aurait pu redessiner la carte et empêcher l’étau sans issue d’aujourd’hui.

Et elle est toujours la seule à avoir cette capacité.

En ce moment la roue a fait son tour et a montré que nous avions raison, et que nous l’avons encore et toujours.

Essayons calmement de l’imposer une bonne fois pour toutes !

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